L'Adieu à l'Enfance de l'Humanité

La découverte du continent nord américain par les européens a eu pour effet le déferlement de richesses matérielles vers le Vieux Continent mais aussi d'idées qui transformèrent la vision de la société dite "civilisée".

L'Adieu à l'Enfance de l'Humanité
Collier de coquillage de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Photo de Claudio Sieber.

L'idée que les théories d’antan ont été développée en considérant les outils et informations disponibles à cette époque nous mène à comprendre que les écrits d'alors ne sont pas paroles d'évangile mais le point de départ pour le développement d'une pensée critique en les désapprouvant avec de nouvelles données. Parce que Jean-Jacques Rousseau vivait à l'ère où les européens découvraient un nouveau continent et de nouveaux peuples aux apparentes mœurs rudimentaires (pensait-il en comparaison avec la vie sur le continent européen), il a été amené à croire que celles-ci témoignaient de la façon de vivre avant que la civilisation ne transforme les humains en une espèce sociétale. Dire que ces "sauvages" reflètent ce que l'humanité a été coincée à faire pendant des dizaines de milliers d'années (nous parlons ici de ceux qui portent toujours cette pensée même avec les avancées archlogiques actuelles), c'est faire fi de notre nature créative, inventive et curieuse à essayer de nous élever de notre condition: une réflexion bien trop simple.

L'exemple de peuples vivant sur les îles de Papua Nouvelle-Guinée ouvre la voie vers un raisonnement nouveau sur la façon dont l'humanité a échangé des biens. Comme décrit dans le livre, aujourd'hui tout passe par la considération du risque lorsque l'on parle de commercer. Mais imaginons un instant l'idée de l'échange d'objet de luxe pour un autre non pas pour dégager une marge et ensuite trouver des objets plus haut de gamme, mais afin de transporter une idée d'un peuple à un autre amène à plus intéressantes implications. Les auteurs expliquent que ces objets étaient utilisés pour transmettre les noms et l'histoire des personnes passant l'objet l'une après l'autre. De plus, se pourrait-il que la transmission d'une histoire individuelle joue une rôle dans le maintient d'une connexion entre ceux coupés les uns des autres par la mer, partageant ainsi l'information et les valeurs d'aussi loin et même apprendre de nouvelles pratiques culturelles. La curiosité a toujours été le vecteur de notre avancée plus loin.

Un courant de pensée éclairée sous influence

Plus loin, les auteurs pointent du doigt le contre-mouvement mené face à l'étude historique des idées et des idéaux portés par les peuples que le Vieux Continent cherchait à soumettre. Premièrement, la destruction de ces communautés a été réalisée de manière méthodique alors que les européens étaient accueillis et exposés aux usages et coutumes des autochtones (du nord et du sud). Puis, le fait de contempler une autre communauté d'Hommes dans ce Nouveau Monde ainsi que leur façon de vivre a fait éclore de nouvelles idées dans l'esprit des européens alors qu'ils les ramenaient chez eux où les strates de la société étaient considérées comme immuables depuis la création de l'humanité.

Les droits naturels, un sujet de recherche majeur des philosophes juste au seuil du siècle des lumières, a été lancé par la "déconstruction" de l'humanité jusqu'à son état naturel. Quelle meilleure façon de le faire que de regarder les communautés humaines qui apparaissent comme plus primitives afin de se rapprocher de cet état naturel. Pourtant, c'est surtout en ignorant l'importance de l'histoire et de la culture de ces peuples que les philosophes n'ont pu comprendre que ces peuples n'étaient pas un exemple d'hommes préhistoriques mais une variante d'humanité, qui s'est développée pendant des millénaires ; un exemple plus intéressant de la façon dont les humains peuvent évoluer socialement, politiquement et culturellement, en complète isolation de leurs homologues des autres continents.